Lorsque les Young Boys ont remporté leur premier titre de champion après 32 ans d'attente, le 28 avril 2018, Steve von Bergen était sur le terrain en tant que capitaine. Cinq ans plus tard, il est devenu champion pour la première fois en tant que directeur sportif après avoir repris le poste de Christoph Spycher, ce dernier ayant été promu «responsable général du sport». Il s'agissait d'une nouvelle adaptation idéale dans l'organigramme déjà très bon d'YB.
La saison dernière, Von Bergen était l'entraîneur assistant de Matteo Vanetta. «Mais j'ai vite compris que ce n'était pas un poste pour moi pour les dix prochaines années. J'aime avoir mes propres responsabilités», dit-il.
A partir de quel moment Von Bergen a-t-il remarqué que les choses allaient bien se passer cette saison? Il cite un match en particulier: celui du 28 août. Quelques jours plus tôt, YB avait échoué contre Anderlecht en play-off pour l'accès à la Conference League.
Pour lui aussi, le titre de champion 2023 est le premier dans sa nouvelle vie hors des terrains (en tant qu'entraîneur chez les professionnels). Ce trophée lui fera probablement plus de bien qu'à n'importe qui d'autre à YB. Aujourd'hui encore, il se bat pour être reconnu en Suisse. Le fait que le FC Bâle, après huit titres consécutifs, n'ait pas été champion en 2017-18, précisément sous la houlette de Wicky, n'est pas encore complètement oublié. La pression exercée sur le coach pour qu'il réussisse à YB a été d'autant plus forte.
Quelle est la part de Wicky dans ce titre? Il ne faut pas la sous-estimer. Après l'échec du club en qualification pour la Conference League, il a dû maintenir le moral d'un cadre trop grand pour les compétitions suisses - il y est parvenu de manière formidable. Après la saison dernière ratée sous la direction de David Wagner et Vanetta, YB s'est de surcroît fortement amélioré en défense. Berne est même en course pour le doublé: il affrontera Lugano début juin en finale de la Coupe de Suisse.
Lorsqu'YB a annoncé le transfert de Cédric Zesiger fin juin 2019, certains se demandaient si le défenseur central avait vraiment la classe pour s'imposer dans la capitale. Si son talent était indéniable, son inconstance l'était tout autant. Au cours des trois saisons passées à GC, des erreurs avaient régulièrement terni ses performances.
Mais Christoph Spycher a cru en Zesiger dès le premier jour. Et à juste titre. Ce dernier est devenu le chef de la défense. En été 2021, il a montré pour la première fois toute l'étendue de sa classe sur la durée, ce qui lui a valu une convocation en équipe nationale.
Zesiger (24 ans) parle parfaitement le français et l'allemand, ce qui le prédestine à un rôle de leader dans le vestiaire jaune et noir. Pour combien de temps encore? Un départ à l'étranger ne serait pas surprenant.
Pour lui, le départ à l'étranger semble inéluctable. Après trois saisons avec YB, Fabian Rieder admet lui-même être «mûr pour la prochaine étape, aussi bien mentalement que physiquement. J'aimerais bien relever un nouveau défi.»
Rieder, qui a eu 21 ans en février, a encore fait un grand bond en avant cette saison. Son maniement du ballon est phénoménal, sa vision du jeu exceptionnelle et son sens des espaces libres fascinant.
Sans avoir été convoqué une seule fois en équipe nationale, il a pu participer à la Coupe du monde en décembre dernier. Il a même fait ses débuts en tant que titulaire contre le Brésil. «Tout est arrivé assez vite, trouve-t-il. Je suis encore en train de travailler sur certaines choses et de les réaliser.» Mardi dernier contre GC, Rieder était suspendu et cela s'est ressenti à chaque seconde sur le terrain. Il nous manquera bientôt chaque week-end dans les stades suisses.
Cedric Itten n'a que 26 ans. Et pourtant, YB est déjà son quatrième club de Super League après Bâle, Lucerne et Saint-Gall. En été 2020, il a quitté Saint-Gall pour l'Écosse. Chez les Glasgow Rangers, Itten n'a cependant pas réussi à s'imposer face à l'habituel titulaire Alfredo Morales, raison pour laquelle il est revenu en Super League cette saison.
L'attaquant a marqué jusqu'à présent 18 buts et en a préparé huit autres. Des statistiques élogieuses, surtout si l'on sait que l'attaquant n'a disputé «que» 1580 minutes de jeu sur 2790 possibles en raison du principe de rotation d'YB. Le taux de réussite d'Itten est particulièrement remarquable lorsqu'il démarre sur le banc (huit buts marqués après être entré en cours de match), ce qui en fait un joker précieux.
Déçu de ne pas avoir été convoqué par Yakin pour le Mondial 2022, il attend encore son premier grand tournoi. Ce sera peut-être pour l'an prochain, lors de l'Euro 2024 en Allemagne.
Ces derniers mois, il s'est quelque peu réconcilié avec le destin. Régulièrement victime de blessures, Christian Fassnacht s'était fracturé l'os temporal en novembre 2021; un accident qui lui a laissé des séquelles durables, les acouphènes n'ayant pas encore complètement disparu. Touché au genou en début de saison, il a ensuite retrouvé son niveau de performance habituel, jusqu'à devenir l'un des rares joueurs à être considéré comme un titulaire indiscutable par Wicky.
Le contrat de Fassnacht court encore pendant un an. Son rêve d'un transfert à l'étranger est toujours d'actualité. Mais le joueur de 29 ans a vécu trop de choses ces dernières années pour se réjouir trop vite. «Je laisse les choses venir à moi», dit-il simplement. Une chose est toutefois importante pour lui:
Adaptation en français: Julien Caloz