«Je connais les finances du club depuis quinze ans et je n’avais jamais vu ça!», se désole Yvan Haymoz dans La Liberté. Le vice-président de Fribourg-Gottéron réagit à l'annonce mercredi de la perte de la saison dernière des Dragons: 3,188 millions de francs. La raison? Un exercice perturbé de A à Z par le Covid-19.
Le montant est énorme, mais les supporters fribourgeois peuvent être rassurés: il ne va pas causer la faillite de leur club favori.
Pourtant, sur les bords de la Sarine, on reste très prudents. Et lucides. «Nous marchons sur un fil», met en garde Yvan Haymoz. Le dirigeant estime que Gottéron mettra cinq ans à réparer les dégâts (combler cette perte et rembourser les emprunts, estimés à 4 millions), avec l'espoir de dégager des bénéfices annuels de 1,2 à 1,5 million. Pour y arriver, le club devra se serrer la ceinture, retrousser les manches et faire preuve d'originalité pour assainir sa situation.
Première chose chose à faire: réduire les charges. Au grand dam des plus fervents fans, la mesure touche le secteur sportif, et plus particulièrement la première équipe. «Contrairement à cette année, on a dû renoncer à engager un cinquième étranger pour la saison qui vient», regrette Raphaël Berger, directeur général de Fribourg-Gottéron. «On voulait aussi prendre un attaquant supplémentaire et un deuxième entraîneur-assistant, mais c'était également impossible.»
Les Dragons ont aussi dû faire une croix sur le camp d'entraînement qu'ils projetaient en février durant la pause olympique. Ils s'entraîneront finalement entre leurs murs de la BCF Arena. Et puis, bien évidemment, il y a la question des salaires. «On a dû réduire la masse salariale en proposant des rémunérations moindres pour les nouveaux contrats, explique Raphaël Berger. Une baisse des salaires a déjà été faite dans le courant de la saison précédente.»
On ne refait pas le monde, en tout cas pas cette fois à Fribourg: pour assainir la situation économique, les Dragons devront aussi augmenter le cash. La première solution? Séduire le public.
Pour la première fois de son histoire, le club des bords de la Sarine a dû lancer une campagne de pub dans les médias et sur les réseaux sociaux pour les abonnements. Il espère en vendre 7000. Jusqu'à présent, «seulement» 6000 fans se sont procurés leur sésame. Du travail supplémentaire, donc, pour le directeur général et ses collaborateurs:
Pour renflouer leurs caisses, les Dragons draguent aussi les potentiels sponsors. Le club fribourgeois a envoyé 19 000 propositions de partenariat aux entreprises de la région.
Il met aussi volontiers en location ses locaux de la BCF Arena pour des séminaires ou banquets. L'initiative est pratique, mais pas forcément pérenne. «L'obligation du certificat Covid qui se profile pour les restaurants et autres lieux publics risque de poser problème», anticipe Raphaël Berger. «Et dès le début de la saison de Gottéron le 7 septembre, les locaux seront moins disponibles.»
Le directeur général, qui s'en ira le 31 octobre après 21 ans dans le club – d'abord comme hockeyeur – a avoué sur Radio Fribourg ne pas craindre des mesures sanitaires qui empêcheraient la venue des spectateurs dans les patinoires de National League, comme cela été le cas pendant le dernier exercice disputé quasi entièrement à huis clos. Pour rappel, toutes les personnes qui présentent un Certificat Covid à l'entrée peuvent assister aux matchs.
Le 10 septembre prochain, on pourrait voir les premiers effets concrets du travail fait actuellement dans les coulisses de la BCF Arena. A cette date, Gottéron accueillera Rapperswil pour son premier match de championnat à domicile. A guichets fermés?