Plus de 500 000 billets sur les 700 000 disponibles ont déjà été vendus. Une belle performance. La capacité maximale peut toutefois paraître faible, «mais il y a plus de journalistes, de caméras, de studios de télévision et de fauteuils roulants», explique Keller.
Dans ce contexte, l'objectif est encore plus clair: jouer les 31 matchs à guichets fermés. «Nous en sommes presque au même nombre de billets vendus qu'à l'Euro 2022 en Angleterre», précise Keller, convaincue que les autres tickets trouveront preneurs. Il faut dire que certains n'ont pas encore été libérés: ils le seront lorsque les affiches des matchs à élimination directe seront connues, afin que les supporters des nations concernées puissent se les arracher.
Le championnat d'Europe féminin se déroulera dans huit villes. Alors que les quatre plus grandes – Genève, Zurich, Berne et Bâle – accueilleront non seulement des matchs de groupe, mais en plus, la phase à élimination directe, les quatre plus petites – Lucerne, Saint-Gall, Thoune et Sion – recevront chacune trois rencontres.
Les différences entre les sites sont cependant plus importantes qu'il n'y paraît, notamment en ce qui concerne la billetterie. Ainsi, les billets s'envolent beaucoup plus rapidement à Zurich qu'à Genève. Il reste en effet des places dans la cité de Calvin, même pour le match entre la Suisse et la Finlande. «Ces distinctions sont sans doute liées à des différences de mentalité. A Genève, les gens achètent de façon plus spontanée», indique Doris Keller. De plus, le foot féminin serait plus avancé à Zurich que dans d'autres cantons.
L'Euro féminin est un tournoi destiné aux familles. C'est pourquoi le prix des billets est inférieur à celui des tournois masculins. «Une famille de quatre personnes peut assister à un match pour 100 francs. Ce prix inclut les transports publics», rappelle Keller. Pour l'instant, la parité est respectée au niveau de la billetterie. La moitié des détenteurs de tickets sont des femmes, l'autre des hommes. C'est une différence majeure par rapport aux tournois masculins. «L'ambiance est souvent plus conviviale. Il y a moins de virages, mais plus d'enfants», souligne Keller à propos des rencontres féminines.
Le tournoi doit aussi attiré les locaux. Mais au total, un peu plus de 30% des billets ont été vendus à un public étranger. A titre de comparaison, cette proportion était seulement de 20% à l'Euro 2022.
Les supporters étrangers arriveront en grande partie d'Allemagne, d'Angleterre, de France et des Pays-Bas. C'est-à-dire de pays où le foot féminin est très avancé.
Dans les villes qui accueilleront des parties, l'Euro ne se vivra pas uniquement dans les stades. Il y aura des fan zones en centre-ville où les familles pourront passer du temps ensemble, sauf à Sion, où ce qui s'apparente à une fan walk est prévu en direction du stade. A Berne, la fan zone se trouvera sur la Place fédérale. Les Genevois, eux, pourront se rassembler sur le quai Gustave-Ador. Des marches de supporters seront également organisées depuis les fan zones jusqu'aux stades.
Une cérémonie sera organisée lors du match d'ouverture opposant la Suisse à la Norvège le 2 juillet. «Ce que cela inclura est encore secret. Ce sera quoi qu'il en soit quelque chose de petit», assure Keller. Il y aura ensuite une mini-cérémonie avant chaque rencontre de l'Euro, comme cela a été le cas lors du championnat d'Europe masculin, l'été dernier en Allemagne. La Suisse y sera un peu présentée, mais «il n'y aura aucun cor des Alpes», plaisante Doris Keller.
La mascotte de l'Euro s'appelle «Maddli». Il s'agit d'un petit Saint-bernard hommage à Madeleine Boll, pionnière du foot féminin en Suisse. «Nous voulions raconter une histoire avec cette mascotte. "Maddli" représente les femmes qui ont dû se battre en Suisse pour pouvoir jouer au football», explique Keller. Cette mascotte a déjà rencontré son public lors des matchs de la Nati féminine et jouit d'une grande popularité auprès des enfants.
Pour l'Euro à domicile, certaines infrastructures doivent être mises à niveau. A Berne et Thoune, le synthétique sera remplacé par une pelouse naturelle. De légers travaux sont également nécessaires dans les autres stades, notamment au niveau des vestiaires. «Souvent, le vestiaire visiteurs est en bien plus mauvais état que celui de l'équipe locale», explique Keller: «Nous devons les mettre à niveau en raison de l'équité sportive». Il faut en outre de nouvelles plateformes pour les caméras, de l'espace pour les studios de télévision et plus de place pour accueillir les journalistes en tribune de presse.
Lors des deux derniers championnats d'Europe, celui des femmes en 2022 et celui des hommes en 2024, l'Association suisse de football (ASF) a vivement critiqué les terrains d'entraînement sélectionnés par l'UEFA. Les organisateurs de l'Euro 2025 en Suisse souhaitent s'épargner de tels ennuis. C'est pourquoi les pelouses ont été examinées de près, explique Keller.
Les billets pour les matchs incluent la gratuité des transports publics. «Beaucoup de supporters ne l'ont pas encore remarqué et pourtant, c'est très important», assure Keller. Il sera ainsi possible de rentrer gratuitement à Genève après avoir assisté à un match à Zurich.
Les performances des Suissesses en cette année 2025 ne suscitent pas encore l'euphorie. Après quatre matchs de Ligue des Nations, elles attendent toujours leur premier succès. Une équipe nationale victorieuse serait un vrai plus pour le tournoi. Mais la directrice ne s'inquiète pas. «Je crois que les Suissesses iront loin à l'Euro», déclare-t-elle. Rappelons qu'en 2008, la Suisse a terminé dernière de son groupe. «Pourtant, le tournoi à domicile a déclenché une euphorie dans tout le pays», se souvient Keller.
Le championnat d'Europe féminin devrait avoir d'une manière générale une grande influence en Suisse. Le nombre de footballeuses, entraîneuses et dirigeantes devrait augmenter. «Je sens que les choses bougent extrêmement bien», confie Doris Keller. Le coup d'envoi de l'événement pourrait presque déjà être donné.