L'Angleterre s'est enflammée pour la «performance surhumaine» d'Alisson Becker au Parc des Princes mercredi dernier, mais le gardien de Liverpool laisse entrevoir des fragilités que le PSG aurait tort de ne pas exploiter, ce mardi à Anfield, lors du match retour de ce 8e de finale de Ligue des champions.
A l'aller, le Brésilien de 32 ans a «démoralisé» les attaquants adverses avec un «superhuman show», comme l'a décrit le Daily Telegraph au lendemain de la victoire 1-0 des Reds à Paris.
«C'est sans doute la plus grande performance de sa carrière, en tout cas sous le maillot de Liverpool. Et si Liverpool remporte cette compétition (...), on se souviendra de cette performance pendant des années», s'est ému Jamie Carragher, une des légendes du club, à l'antenne de CBS Sports.
Alisson a réalisé neuf arrêts (dont certains exceptionnels) et sa relance au pied pour Darwin Nunez a conduit au but de Harvey Elliott à la 87e minute, de quoi parachever son œuvre.
L'étiquette de «meilleur gardien du monde» lui a été rapidement mise sur le dos par le buteur du soir, mais l'entraîneur Arne Slot a été plus nuancé:
Le Genevois Thierry Barnerat, expert Fifa pour le poste de gardien de but, est parvenu au même décompte. En première période, il y a cette frappe de Khvicha Kvaratskhelia qui «part de 12-13 mètres, sur sa droite, il va à une vitesse au sol magnifique. Cet arrêt-là est exceptionnel», décrit-il.
En seconde, «il coupe super bien» un centre-tir d'Ousmane Dembélé «et il arrive à dévier le ballon dans l'espace libre». «C'est un big save car sur une situation extrêmement compliquée», applaudit celui qui officie aussi comme analyste vidéo personnel de Thibaut Courtois, le portier du Real Madrid.
Pour résumer, Alisson est souvent «très juste techniquement, intelligent dans ses déviations, il arrive bien à lire l'espace», énumère-t-il. Mais «il arrive moins bien à gérer des situations de profondeur» et sa copie à Paris était loin d'être parfaite, assure l'expert.
Dans le un-contre-un face à Dembélé (30e), par exemple, «il ne prend que la moitié de l'espace qu'il doit fermer. Heureusement que Dembélé ne prend pas l'information, parce que s'il ferme le pied, c'est but».
A la 80e, Désiré Doué «voit qu'Alisson est mal positionné, à un mètre de sa ligne», donc il cherche la lucarne gauche mais «il manque de précision. Ça permet à Alisson de faire l'arrêt décisif, son erreur de placement ne lui coûte rien», explique Thierry Barnerat.
Bref, «il était dans un jour où tout tournait pour lui», résume le Genevois.
C'est précisément ce qu'il s'est passé samedi à l'ouverture du score de Southampton en Premier League. Sur une touche adverse, le capitaine Virgil van Dijk a protégé le ballon en espérant qu'Alisson vienne s'en saisir, mais le Brésilien a eu tout faux, entre sortie tardive et mauvais placement.
Les Reds ont effacé ce faux-pas en seconde période en marquant trois buts, dont deux par Mohamed Salah sur penalty. Il reste cependant suffisamment de failles à exploiter pour les attaquants du PSG.
Leur parler de ces fragilités, «c'est aussi le rôle, pour moi, de l'entraîneur des gardiens», conclut Thierry Barnerat.