Seule la France peut encore rivaliser avec la Nati
La Suisse appartient à l’élite du football européen. Une affirmation audacieuse, certes, mais difficile à contester au regard de son passé récent. Elle n’a jamais été championne du monde, et ne le sera peut-être jamais. Sur ce point, plusieurs nations — même les Anglais, pourtant souvent en difficulté, mais sacrés en 1966 — la devancent. Elle n’a jamais été championne d’Europe non plus, et ne le sera peut-être jamais. Là encore, même la Grèce, victorieuse à la surprise générale en 2004, a fait mieux.
Mais la Suisse participe à toutes les Coupes du monde depuis 2006. Et à presque tous les Euros depuis 2004 — seule ombre au tableau: l’édition 2012 en Ukraine et en Pologne. Une faute de parcours largement effacée par une série exceptionnelle.
Des chiffres élogieux
Car pour comprendre pourquoi la Suisse peut être considérée comme une grande nation européenne, il faut regarder les résultats depuis cette dernière élimination en qualifications: Coupe du monde 2014, Euro 2016, Coupe du monde 2018, Euro 2021 (officiellement 2020), Coupe du monde 2022, Euro 2024. À chacune de ces compétitions, la Nati n’a pas seulement été présente: elle a systématiquement franchi la phase de groupes, atteignant même les quarts de finale en 2021 et en 2024. En Europe, seule la France affiche une régularité comparable depuis 2014. Et la France est, évidemment, une nation majeure.
Ça sent bon pour ce soir:
Quelques exemples parmi d’autres: l’Allemagne a été éliminée dès le premier tour des Mondiaux 2018 et 2022. La Croatie, comme le Portugal, l’Angleterre et l’Espagne, est sortie dès la phase de groupes à la Coupe du monde 2014 et a également échoué au premier tour de l’Euro 2024. La Belgique a sombré prématurément au Qatar, les Pays-Bas ont manqué les éditions 2016 et 2018. Quant à l’Italie, la situation est dramatique: les Azzurri n’ont plus participé à une Coupe du monde depuis 2014, et la campagne de qualification pour la prochaine s’annonce encore très compliquée pour l’équipe de Gennaro Gattuso.
La Suisse est donc une grande nation, même si seuls trois de ses joueurs — Granit Xhaka, Manuel Akanji et Gregor Kobel — pourraient sans doute prétendre à une place de titulaire dans n’importe quel grand pays. Sans parler du total de valeur marchande de l’effectif, très loin derrière ceux de l’Espagne ou de l’Angleterre. «Individuellement, nos joueurs ne sont pas au même niveau que ceux d’autres nations, admet Akanji. Mais nous fonctionnons très bien collectivement», ajoute-t-il, point clé de la force helvétique.
Ils n'ont peur de personne
Sous Vladimir Petkovic, la Suisse n’a été que rarement inférieure à ses adversaires; sous Murat Yakin, la tendance s’est poursuivie, à quelques exceptions près. Depuis 2016, les joueurs entrent sur le terrain avec la conviction qu’ils peuvent battre n’importe qui. Une assurance héritée de la génération dorée de Xhaka et Ricardo Rodriguez, champions du monde U17 en 2009 — sans oublier un certain Xherdan Shaqiri.
Peu importe la valeur cumulée des transferts ou l’absence de superstars: la Suisse pourrait décrocher dès samedi, face à la Suède, son billet pour une nouvelle Coupe du monde. Et confirmer, une fois encore, qu’elle joue désormais l’un des premiers rôles en Europe. Le football, c’est aussi des séries — et celle-ci, les Suisses comptent bien la prolonger.
