On savait depuis longtemps que le Manchester City de Pep Guardiola, qui remportera cette saison son cinquième titre de champion d'Angleterre en six ans, était une grande équipe. On savait aussi qu'elle était capable de tenir tête au grand Real Madrid dans la compétition préférée des merengues, sur sa pelouse et au stade où ça compte (1-1 au match aller la semaine dernière). Mais ce qu'on a découvert mercredi soir, lors du match retour des demi-finales de la Ligue des champions, c'est que City était actuellement la meilleure équipe du monde.
Le voisin de Manchester United a écrasé 4-0 un Real Madrid de gala, composé de onze titulaires qui, à eux tous, avaient remporté pas moins de 27 Ligues de champions contre...aucune parmi le onze de Pep Guardiola. Pour mieux comprendre dans quel camp penchait le sens de l'histoire individuelle et collective, on peut ajouter que sur la pelouse au coup d'envoi, quatre joueurs du Real (Modric, Benzema, Carvajal et Kroos) avaient gagné chacun cinq fois la prestigieuse compétition européenne, quand City, fondé en 1880, ne l'avait encore jamais inscrite à son palmarès.
Il sera intéressant de voir alors quelle trace aura laissé cette double confrontation dans les têtes anglaises, car ce n'est pas souvent qu'une équipe doive disputer le match le plus important et le plus prestigieux de sa saison avant la finale. Tout l'enjeu, pour Manchester City dans les semaines à venir, sera donc de se rappeler que sa victoire de mercredi aura été sublime, mais qu'elle pourrait aussi ne servir à rien.
On préférerait quand même être du côté de City ce matin plutôt que de celui de l'Inter, car le futur champion d'Angleterre a rappelé qu'il avait tellement de talent qu'il ne pouvait pas aligner tous ses meilleurs joueurs ensemble sur la pelouse. Sinon, il n'aurait pas attendu la fin de match pour faire rentrer Mahrez, Foden puis Alvarez.
À cet instant, Manuel Akanji venait de plier le game de la tête (3-0), et Pep Guardiola, qui court toujours derrière sa première Ligue des champions dans le nord de l'Angleterre, avait remporté son pari tactique face au maître de la compétition, Carlo Ancelotti étant devenu mercredi l'entraîneur ayant disputé le plus de matchs de C1 de l'histoire (191) devant Sir Alex Ferguson.
Mais l'expérience et le prestige du visiteur n'ont pas tenu face à des Skyblues qui ont démarré la rencontre avec les certitudes d'un galactique, pressant, étouffant même les Espagnols jusqu'à buter par deux fois (13e et 21e) sur un Thibaut Courtois exceptionnel, ce qui ne fait que donner plus d'allure au 4-0 final.
City a tellement malmené le Real en première période qu'il a maintenu Benzema et ses coéquipiers à un expected goal historique de 0,01 pendant que Bernardo Silva, lui, donnait déjà deux buts d'avance à son équipe.
Akanji, on l'a dit, puis Julian Alvarez (sur un bonbon de Phil Foden en fin de match) ont continué à faire chanter un Etihad Stadium à la ferveur inhabituelle.
Tout le monde aura été très bon mercredi, des tribunes à la pelouse, sauf peut-être Erling Haaland, ce qui n'est pas une très bonne nouvelle pour l'Inter: cette saison, le buteur norvégien, muet lors de la double confrontation contre le Real Madrid, n'a jamais disputé trois matchs consécutifs de la même compétition sans marquer. Les fans de Manchester City n'ont pas fini de chanter.