Les spectateurs présents aux Vernets samedi soir ont eu de la chance. Ils ont assisté à un très bon match de hockey sur glace, avec beaucoup d'intensité. Des émotions, des buts, un peu de baston. Bref, un vrai derby. Le tout devant un public surchauffé, venu en nombre (7135 spectateurs, guichets fermés).
Après deux ans de pandémie et de patinoires très souvent vides, une ambiance pareille fait du bien. Beaucoup de bien. «C'est pour des ambiances comme celle-là qu'on travaille et qu'on fait autant de sacrifices», s'enthousiasmait l'entraîneur servettien Jan Cadieux, après la rencontre. «Un grand merci au public!»
Les vieilles patinoires, comme les Vernets, offrent une ambiance inégalable, mais il y a aussi le revers de la médaille... Heureusement, aucun blessé grave après cette balustrade cassée. #sécurité https://t.co/HkAdtNJLcT
— Yoann Graber (@GraberYoann) March 12, 2022
Elle n'aurait assurément pas été aussi bouillante avec l'ancien format du championnat. Oui, les pré play-offs sont bénéfiques au hockey suisse.
Parce que sans eux, Genève-Servette (8e avant le match) et Lausanne (6e) auraient déjà été, samedi, assurés d'être qualifiés pour les séries pour le titre. Ce derby n'aurait donc été rien d'autre que du remplissage. Au mieux, une lutte pour «choisir» quel ténor affronter en play-offs.
Or, avec ce nouveau format, plus sélectif, l'enjeu était tout autre: figurer parmi les six premiers et valider, ainsi, son billet direct pour les play-offs. Et éviter, du même coup, les terribles barrages, ces fameux pré play-offs.
Car rien ne sera simple dans ces séries au meilleur des trois matchs. A cause des adversaires potentiels, d'abord: Lugano, Berne ou Ambri. Trois équipes de bas de classement, certes, mais capables de surprises. Surtout dans des séries si courtes, où deux victoires suffisent, et dans lesquelles toutes les cartes sont rabattues.
Les ultras du @lausannehc ont sorti les gros moyens samedi soir aux Vernets pour le derby contre @officialGSHC pic.twitter.com/XMR7krkpfD
— Yoann Graber (@GraberYoann) March 13, 2022
Peu importent les affiches, ces duels s'annoncent autant passionnants que périlleux pour les favoris. Bienne et Davos peuvent en témoigner: la saison passée (première jouée sous ce format), ils avaient chacun été éliminés par plus faible qu'eux sur le papier et au classement, respectivement Rapperswil (10e) et Berne (9e).
Les Saint-Gallois et les Bernois avaient même été métamorphosés par ces pré play-offs. Les premiers atteignaient, à la surprise générale, les demi-finales. Les seconds, moribonds pendant toute la saison régulière, posaient de sérieux problèmes en quarts au leader incontesté, Zoug (4-2 dans la série).
A une journée de la fin de la phase qualificative, encore sept équipes luttent pour jouer les séries pour le titre. Même Ambri, 11e, a encore un espoir d'accrocher les pré play-offs. Autrement dit, tous les matchs de la dernière journée lundi (sauf Zoug - Zurich, seule partie opposant deux qualifiés assurés) auront un enjeu. Qui amène, forcément, du spectacle. Un tel suspense n'aurait jamais été possible avec l'ancien système.
Au moment de leur instauration, les pré play-offs avaient fait grincer quelques dents. Il leur était notamment reproché une trop grande complexité et un risque de grosse fatigue pour les formations qui les disputaient. Mais à voir les belles surprises de l'an dernier, le spectacle sur la glace et en tribunes aux Vernets samedi soir ou le petit Ambri qui va battre l'ogre Fribourg-Gottéron, on a le droit de dire que ce nouveau format est une bonne chose pour la National League.
En plus, il permet aux nostalgiques – auxquels l'auteur de ce texte appartient – de sortir leur bonne vieille application Teletext pour faire les calculs et dresser la liste des scénarios possibles. Et le cerveau, c'est comme un muscle, paraît-il: il faut l'entraîner pour le développer. Alors rien que pour ça, c'est un grand oui aux pré play-offs.