En quelques semaines, l'Association japonaise de sumo (AJS) a dévoilé la tenue de deux exhibitions, du 15 au 19 octobre 2025 au Royal Albert Hall de Londres, et les 13 et 14 juin 2026 à l'Accor Arena de Paris.
Les déplacements à l'étranger de ces lutteurs étaient fréquents dans les années 1980 et 1990. Mais les représentants du sumo professionnel japonais n'avaient plus participé à un événement en dehors de l'archipel depuis leur séjour à Las Vegas en 2005.
Il est «important de montrer notre sport dans le monde», a déclaré lors d'une conférence de presse annonçant la semaine dernière le tournoi parisien le président de l'AJS Nobuyoshi Hakkaku, qui y voit un signe de reconnaissance de «notre culture traditionnelle».
Contrairement à d'autres disciplines, l'histoire séculaire et les spécificités du sumo en ont fait un sport quasi exclusivement national. Ces dernières années pourtant, les dirigeants de la discipline se sont efforcés d'accroître leur audience, en créant notamment leur propre chaîne YouTube.
Avec le retour des touristes au Japon, il est de plus en plus difficile d'assister aux tournois officiels sur le sol nippon, car les billets se font aussi rares que «de l'or», affirme M. Gunning. De nombreux fans étrangers sont en effet devenus accros à ce sport pendant la période de confinement du Covid-19, mais aussi grâce au succès de la série Netflix "Sanctuary", véritable plongée dans l'univers du sumo et ses traditions.
«Le sumo est devenu si populaire à l'étranger au cours des six ou sept dernières années que les organisateurs subissent une pression énorme pour les faire venir», assure M. Gunning.
Par ailleurs, des promoteurs européens aspirent à ce que les tournois de sumo deviennent un rendez-vous régulier, à l'instar des tournées des équipes de football dans les marchés émergents ou de la NBA, qui se rend régulièrement en Europe, comme dernièrement à Paris.
Deux tournois de sumo ont déjà eu lieu à Paris, en 1986 et 1995, également à Bercy. Le second a été organisé notamment sur l'insistance de l'ancien président Jacques Chirac, très grand fan de ce sport, peu après son arrivée à l’Elysée.
Au Japon, six tournois réguliers de 15 jours nommés "honbasho" sont organisés, dont trois à Tokyo et un à Osaka, à Nagoya et à Fukuoka. Et lorsque les lutteurs ne participent pas à des compétitions ou à des cérémonies, ils prennent part à des tournées d'exhibition dans tout l'archipel.
Selon Shoko Sato, journaliste spécialisée en sumo, ces tournées nationales de près d'un mois pourraient être remplacées par des déplacements hors Japon. «Je pense que personne ne serait mécontent» au Japon, explique-t-elle.
La journaliste, qui a couvert plusieurs tournois à Las Vegas ou en Mongolie, décrit une atmosphère «complètement différente» du Japon. «Cela ressemble un peu plus à du divertissement, ajoute-t-elle. Ce n'est plus une compétition, mais plutôt une introduction amusante à l'univers du sumo auprès du grand public.»