Une inscription n'engage à rien puisqu'il est possible de déclarer forfait à tout moment. Mais les faits sont là: le nom de Novak Djokovic figure bien sur la liste des engagés à l'Open d'Australie - contrairement à ceux de Stan Wawrinka et Serena Williams, insuffisamment remis de leurs blessures.
Si tout est en règle, Djokovic ira à Sydney pour y disputer l'ATP Cup (1er au 9 janvier) avant de filer sur Melbourne (17-30 janvier). Si tout est en règle... Car rappelons-le, les conditions d'admission restent extrêmement dures en Australie. Le Ministre de l'immigration a annoncé fin octobre que la double vaccination serait un préalable obligatoire à toute entrée sur le territoire.
Entre-temps, l'état du New South Wales, dont Sydney est la capitale, a atteint une couverture vaccinale de 95% et assoupli sa position: une quarantaine de quatorze jours peut «suffire» à obtenir un visa. Mais ce n'est pas le cas à Melbourne. Ou pas encore.
Si, comme son entourage le laisse entendre, Djokovic n'est pas vacciné, il devra donc atterrir à Sydney le 16 décembre au plus tard pour y purger sa quarantaine. «Vous connaîtrez bientôt ma situation puisque la tournée australienne est imminente», a-t-il temporisé la semaine dernière dans le cadre de la Coupe Davis.
Ce que Novak Djokovic ne dit pas, c'est si son dossier médical l'autorise à disputer l'Open d'Australie ou si son inscription vise surtout à forcer la main du tournoi. Son père Srdjan a encore répété récemment, devant les caméras de la télévision serbe:
Son statut vaccinal reste un mystère que le n°1 mondial n'a aucune intention de lever. «J'ai toujours défendu la liberté de choix et je continuerai à le faire, peu importe qu'il s'agisse de la vaccination ou de quoi que ce soit d'autre dans la vie. Le simple fait de poser la question est selon moi irrespectueux et inadmissible», a-t-il protesté au Masters de Turin.
Le problème va bien au-delà de sa personne: selon des indiscrétions de vestiaires, le taux de vaccination dans le tennis atteindrait tout juste 60 % (une estimation toutefois invérifiable).
Hasard ou non, Melbourne ne semble plus envisager la double vaccination comme une condition stricte et non négociable. Selon des révélations de L'Equipe, le tournoi a adressé une lettre d'information aux participants dans laquelle il est stipulé que les personnes non vaccinées, ou incomplètement, seront admises à l'Open d'Australie si elles présentent une dispense médicale, notamment si elles ont contracté le Covid après le 31 juillet de l'année dernière.
A noter que l'attestation d'un médecin n'est pas nécessaire pour témoigner de cette infection au Covid, «mais ça peut aider», précise la lettre d'information... Une commission indépendante examinera chaque cas.
Reste que Novak Djokovic ne semble remplir aucun critère d'exemption. Il a contracté le Covid en juin 2020 et n'a, de son propre aveu, subi aucun effet indésirable. Il ne peut a priori arguer d'aucune contre-indication médicale, d'autant que les antécédents familiaux et les allergies ne figurent pas dans la liste. Il ne présente aucune maladie grave et n'a jamais fait de fausse-couche. Mais des surprises ne sont pas à exclure...
In fine, «un seul homme accapare 90% des discussions sur le tennis et ça commence à bien faire», proteste l'ancien champion australien Paul McNamee dans le Sydney Herald, avant d'abréger lesdites discussions:
En voulant clore le débat, Paul McNamee n'a fait que le relancer: il a propagé l'idée que Djokovic se pointera à Melbourne avec une dispense médicale et les médias cherchent maintenant à savoir sous quel motif, insoupçonné ou fallacieux. «Cette solution arrangerait tout le monde», souffle un insider. «Les organisateurs conserveraient leur tête d'affiche et Djokovic garderait le secret sur sa situation vaccinale.» C'est étrange comme cette hypothèse prend de l'ampleur.