On associe généralement la Ligue des champions à beaucoup d'argent et de glamour. Mais si cette image colle parfaitement au football, les choses sont très différentes en volley-ball. Daniel Bühlmann en sait quelque chose. Le directeur de Volley Schönenwerd a carrément décidé de ne pas inscrire son équipe à la prestigieuse compétition européenne, alors que ses joueurs s'étaient qualifiés sur le terrain en devenant champion de Suisse.
Concrètement, Schönenwerd aurait eu des problèmes d'argent dans le cas où il aurait...gagné des matchs en Ligue des champions! Cela peut paraître fou mais c'est la vérité: si le club alémanique s'était qualifié pour la phase de groupes de la Ligue des champions, il aurait alors eu «un gros problème financier», selon les mots de Daniel Bühlmann.
Pour comprendre l'absurdité de la chose, il convient de rappeler le règlement. Le champion suisse de volley doit d'abord passer par des tours de qualification pour accéder à la Ligue des champions. Il doit franchir trois tours au total, avec un match aller et un match retour, pour finalement atteindre le tour principal, et intégrer un groupe de quatre.
Or pour chaque tour de qualification, les frais s'élèvent à 2'000 euros. Celui qui passe les trois tours après avoir versé un total de 6'000 euros doit encore débourser 25'000 euros supplémentaires pour la phase de groupes. De l'argent que des clubs de village comme Schönenwerd (une commune suisse du canton de Soleure) doivent péniblement collecter auprès des sponsors.
Bien sûr, les clubs qui franchissent des tours de qualifications touchent de l'argent, mais ces primes sont disproportionnées par rapport aux frais de participation. Celui qui passe le premier tour de qualification reçoit tout juste 3'000 euros – 1'000 euros de plus que le cachet de départ. Lors de la phase de groupes, les six matchs permettent de gagner 10'000 euros par partie, ce qui est encore loin de couvrir tous les frais.
Surtout qu'il faut encore payer les déplacements. Pour chaque match à l'extérieur, les joueurs et le staff doivent débourser entre 15'000 et 20'000 francs. Selon le tirage au sort, il est certes possible de réduire un peu les coûts en voyageant en car et en renonçant aux nuits d'hôtel. Mais cela ne change que très peu de choses au final.
Si vous ajoutez à tout cela les travaux d'aménagement pour mettre la salle aux normes européennes, vous constatez très rapidement qu'une participation à la Ligue des champions ressemble à un cadeau empoisonné que Schönenwerd n'a surtout pas envie de déballer.
Le forfait des Soleurois n'a d'ailleurs pas vraiment surpris les autres clubs suisses. «Nous comprenons parfaitement leur décision. Les perspectives économiques n'ont pas été aussi sombres depuis longtemps», a ainsi déclaré le président d'Amriswil Martin Salvisberg. Il explique que des discussions ont eu lieu pour savoir si son équipe devait hériter de la place laissée vacante par Schönenwerd. «Mais nous sommes arrivés à la conclusion qu'il n'était pas non plus question pour nous de jouer la Ligue des champions», explique Salvisberg.
Schönenwerd participera finalement à la CEV Cup, soit la 2e division du volley européen. Une compétition moins gourmande financièrement, puisque chaque match coûte au maximum 10 000 francs.