Yann Sommer est le chouchou de tout le monde. Il est décrit comme courtois, sympathique et intelligent. Son intelligence est d'ailleurs ce qui lui a permis de franchir les étapes pas à pas, jusqu'à atteindre des sommets. Peu de footballeurs ont droit à autant d'éloges.
Mais désormais, la Suisse affronte l'Italie en huitième de finale de l'Euro. La gentillesse et les bonnes manières ne suffisent plus. Il n'y a plus de place pour les vedettes et les icônes publicitaires. Ce qu'il faut à Berlin, c'est un gardien comme Gregor Kobel. Quelqu'un qui, contrairement à Yann Sommer, ne s'effondre pas sur 8 frappes sur 10, pour regarder d'un air désespéré le ballon filer. Nous avons besoin d’un rock. Un portier qui, par son regard féroce, parviendra à mettre à genoux des Italiens déstabilisés. Un homme aussi massif que le Saint-Gothard et qui, grâce à ses 88 kilos de muscles, son envergure et sa détermination dans les airs, rentrera dans la tête de l'adversaire dès le premier ballon touché.
Et puisque Yann Sommer est devenu champion d'Italie avec l'Inter, Murat Yakin peut, en titularisant Gregor Kobel, envoyer un signal fort à la Squadra Azzurra. «Hey, cher voisin, nous n'avons pas besoin de votre portier nerazzurro, champion d'Italie», lâcherait-il alors. Nous avons encore plus puissant à vous proposer: Gregor Kobel, meilleur gardien de Bundesliga. Le Zurichois a paré 73% des frappes cette saison et a conduit Dortmund en finale de la Ligue des champions.
La bourde de Sommer contre l'Allemagne, sans conséquence, est plus qu'un simple avertissement. Avec la carte Kobel, Yakin peut réussir un autre coup, et miser une fois de plus sur la surprise. Le changement de gardien sera sa prochaine grande réussite. Il prouvera alors qu'il est définitivement un fin stratège. Et si le match venait à se jouer aux tirs aux buts, il serait suffisamment inspirer pour faire rentrer Yann Sommer sur la pelouse, afin qu'il reproduise l'arrêt réalisé face à Kylian Mbappé. C'est ce que l'on appelle désormais faire une Servette FC.
Yann Sommer a encaissé trois buts en trois matchs depuis le début de cet Euro. C'est à la fois peu et beaucoup. Mais si l'on regarde de plus près les réalisations concédées, on ne peut absolument rien reprocher au gardien n°1 de la Nati. Mon collègue entame ici un débat inutile. On se demanderait presque ce que Yann Sommer a fait pour que sa titularisation soit ainsi remise en question. A-t-il soudainement perdu ses bonnes manières et volé une barre de chocolat? A-t-il été surpris en excès de vitesse dans les rues de Stuttgart? On sait que Sommer est passionné par la cuisine. A-t-il trop salé les pâtes ou couper ses spaghettis au point que tous les Italiens veulent désormais lui mettre un but?
Bien sûr, il n'avait pas l'air bien quand l'Allemand Robert Andrich a frappé dimanche contre la Nati. Mais le but n'a pas été accordé. Doit-il être sanctionné? Doit-il désormais cirer le banc? Non. D'abord parce que cette erreur est un cas isolé. Et le placement de Gregor Kobel en finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid n'est pas exempt de tout reproche non plus.
Le moment où Gregor Kobel, 26 ans, remplacera Yann Sommer, 35 ans, au poste de numéro 1 en équipe de Suisse viendra. Cela aurait déjà pu se produire avant cet Euro. Mais Kobel a toujours été forfait lorsque Murat Yakin souhaitait lui donner sa chance. Il prendra bientôt le relais, peut-être même dès la fin de cette compétition. Après tout, il faut savoir tourner la page et regarder vers l'avenir.
En revanche, changer de portier en plein tournoi alors que cela n'est pas nécessaire est aussi absurde que de rentrer sur le terrain sans gardien. Est-ce astucieux de changer un homme qui performe et a créé des automatismes avec sa défense avant un huitième de finale crucial? Est-ce vraiment une bonne idée de placer sur le banc un gardien qui connaît mieux les joueurs italiens car il évolue en Serie A? Est-ce le bon moment pour provoquer un certain désordre dans le groupe? Non. Titulariser Kobel à la place de Sommer contre l'Italie serait de la pure folie.