Deux projets sont roues contre roues: un tracé urbain au Cap et l'historique circuit de Kyalami, en banlieue de Johannesburg. Un comité mis sur pied par le ministre des Sports Gayton McKenzie doit trancher «au troisième trimestre de cette année», détaille Mlimandlela Ndamase, qui en est membre.
Le continent peut compter sur un avocat de poids avec le septuple champion du monde Lewis Hamilton. «On ne peut pas ajouter des courses partout et continuer à ignorer l'Afrique», a-t-il jugé en août.
Un momentum existe: la F1, dont la saison 2025 a débuté ce week-end en Australie, «ne veut pas être un championnat du monde qui fasse l'impasse sur tout un continent», estime le spécialiste Samuel Tickell, chercheur à l'Université de Münster, en Allemagne.
Le calendrier, qui compte cette saison 24 GP, soit sept de plus qu'en 2009, a connu une expansion continue. Ajouter des étapes africaines n'implique donc pas d'exclure d'autres rendez-vous.
Le tarif demandé par le propriétaire de la F1 Liberty Media comme les frais d'organisation ne seraient pas un obstacle à l'Afrique, estime par ailleurs Simon Chadwick, professeur de sport et d'économie géopolitique à la Skema Business School de Paris. «Même si les courses ne sont pas commercialement viables, pour certains pays comme leurs soutiens, ce n'est pas un problème», juge l'auteur de l'ouvrage Le futur des sports mécaniques: business, politiques et société. Il rappelle que «la Chine construit depuis un moment des infrastructures sportives pour des pays africains en échange d'accès à leurs ressources».
Le circuit de Kyalami, propriété du patron de la division locale de Porsche Toby Venter, est certifié grade 2, le niveau juste en dessous de celui requis pour la F1. La piste demandera donc des travaux, même si elle a été récemment rénovée, comme en témoigne le drapeau sud-africain peint autour de plusieurs virages.
Ces six couleurs, la F1 ne les a jamais vues, puisque le dernier Grand Prix y a été disputé en 1993, avant l'élection de Nelson Mandela.
Menés par Niki Lauda, les pilotes ne protestaient pas contre l'organisation d'un GP en Afrique du Sud mais contre une «super licence» restreignant leur liberté contractuelle.
Face à Kyalami, le circuit urbain du Cap, qui a déjà accueilli une course de Formule E en 2023, peut se targuer d'un décor majestueux et d'avoir été désignée ville de l'année par le magazine Time Out. «S'il y a une course de F1 dans les rues ici, ça surclassera Monaco», s'exclame auprès de l'AFP le patron du projet, Igshaan Amlay.
Le tracé imaginé sillonne le quartier de Green Point autour du stade sorti de terre pour le Mondial-2010 de football et à l'ombre de Lion's Head, l'emblématique piton de la ville se jetant dans l'océan. Toutefois, la concurrence pourrait moins se jouer entre les deux villes rivales qu'avec le Rwanda, déjà sponsor en matière de sport des clubs de foot d'Arsenal et du PSG ou encore partenaire de la NBA. «Le Rwanda est en pole position», estime même Simon Chadwick.
Son président Paul Kagame était présent au GP de Singapour en septembre «pour discuter avec la Fédération internationale ainsi que les propriétaires» de la F1, note-t-il.
Le Maroc (où se déroulera une partie de la Coupe du monde de foot 2030) est aussi cité comme un candidat potentiel. Rien n'empêche d'avoir deux GP sur le continent, remarque le ministre Gayton McKenzie, qui répète: «Pourquoi, quand c'est l'Afrique, ce ne serait qu'un seul pays?» Face à Kigali et au Maroc, hôte d'un GP à Casablanca en 1958, l'Afrique du Sud a pour elle le seul champion du monde du continent, Jody Scheckter, sacré avec Ferrari en 1979.
La situation en République démocratique du Congo pourrait par ailleurs être préjudiciable au Rwanda, condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU.
(afp/jcz)