Est-il présomptueux de dire que la Suisse est la nation favorite pour les médailles? Si l'on s'attache aux résultats de l'hiver, absolument pas. Les Suisses comptent déjà 11 victoires et un total de 15 podiums supplémentaires (huit deuxièmes places, sept troisièmes).
Marco Odermatt s'est imposé à sept reprises, tandis que Justin Murisier, Thomas Tumler, Alexis Monney et Franjo von Allmen ont chacun goûté à la victoire. Trois Helvètes font en outre partie du top 10 d'un classement général dominé par «Odi», avec Loïc Meillard troisième et Franjo von Allmen septième.
Chez les dames, Lara Gut-Behrami a remporté sa première victoire de l'hiver le week-end dernier lors du Super-G de Garmisch et elle talonne Federica Brignone au général, avec Camille Rast juste derrière elle.
La Suisse peut objectivement espérer monter sur le podium lors de chacune des onze épreuves disputées en Autriche et obtenir un meilleur total qu'en France voici deux ans (7 médailles). En plus des traditionnels événements que sont la descente, le Super-G, le géant et le slalom, la FIS propose un parallèle par équipe le mardi 4, ainsi que la nouvelle compétition du combiné par équipe, tant chez les messieurs que chez les dames.
Agendées les 11 et 12 février, ces deux épreuves verront les athlètes spécialistes de la vitesse effectuer une descente et ceux à l'aise en slalom s'occuper de la manche dans l'après-midi. La Suisse pourra aligner quatre binômes lors des deux épreuves.
Champion du monde de descente et de géant, Marco Odermatt est bien entendu le grand favori à sa propre succession, ainsi qu'au titre en Super-G qu'il avait manqué voici deux ans à Courchevel (4e). Dossard rouge dans les trois disciplines, le Nidwaldien n'aura cependant pas la tâche facile, comme il a pu le constater à Kitzbühel en descente (6e) et à Schladming en géant (3e).
Et le patron du ski masculin ne conserve pas forcément un très bon souvenir de Saalbach, théâtre des finales de l'an dernier. En tête du géant après la première manche, il était sorti au cours de la deuxième, laissant la victoire à Loïc Meillard. Et en Super-G, il avait pris la 5e place alors que la Suisse s'était offert un fabuleux triplé Rogentin-Meillard-Boisset.
Si en géant, les Norvégiens sont de solides contradicteurs avec Steen Olsen, Kristoffersen et McGrath, en vitesse le danger pourrait venir de «l'intérieur» avec Franjo von Allmen, Alexis Monney, Justin Murisier ou encore Stefan Rogentin. Surtout que cette piste convient bien aux qualités des autres athlètes de Swiss-Ski. Attention aussi aux Canadiens. James Crawford, récent vainqueur sur la Streif, est le tenant du titre en Super-G.
Dans les rangs autrichiens, il s'agira de voir si Vincent Kriechmayr réussit son pari et parvient à revenir à temps après sa chute à Wengen. Mais la «Wunderteam» ne compte aucune victoire cet hiver. La deuxième place de Feller et la troisième de Gstrein au slalom de Schladming ont mis un peu de baume au coeur à une nation qui n'est plus que l'ombre d'elle-même en ce moment.
Huit Suissesses ont pour l'heure rempli les critères de Swiss-Ski: Lara Gut-Behrami, Corinne Suter, Wendy Holdener, Camille Rast, Mélanie Meillard, Michelle Gisin, Eliane Christen et Malorie Blanc.
A l'occasion de ses neuvièmes Mondiaux, Lara Gut-Behrami peut ajouter du métal à sa collection forte de huit breloques. Brillante à Cortina en 2021 (trois médailles dont deux titres), la Tessinoise était repartie bredouille il y a deux ans dans les Alpes françaises. Si l'on se fie aux résultats des finales à Saalbach en 2024, force est de constater que la skieuse de Comano n'était pas forcément à l'aise sur la piste autrichienne. Mais elle monte en puissance cette saison.
Qui dit grand rendez-vous dit Corinne Suter. La Schwytzoise a remporté cinq médailles depuis les Mondiaux 2019 à Äre où elle avait obtenu l'argent de la descente et le bronze du Super-G. A Cortina, elle avait été titrée en descente et argentée en Super-G, derrière Lara Gut-Behrami. Et à Méribel, elle était repartie avec le bronze de la descente. Blessée la saison passée, elle n'a pas pu découvrir le terrain et va donc se lancer un peu dans l'inconnu.
A noter que la championne du monde en titre de descente, Jasmine Flury, ne pourra pas défendre son bien en raison d'une blessure au genou subie l'an dernier lors de la deuxième descente de Crans-Montana.
En vitesse, les Italiennes seront les femmes à battre, notamment Brignone (cinq succès cette saison) et Sofia Goggia (deux). Tout semble nettement plus ouvert en slalom avec Rast, Holdener et Meillard. Mais Zrinka Ljutic impressionne avec ses trois victoires dont la dernière jeudi à Courchevel. De retour, Mikaela Shiffrin tentera elle d'aller chercher une 15e médaille mondiale.